Insaisissables sources d’irritation sonores
Article par Pierre-Marc Durivage @ La Presse
Votre petit dernier pioche dans le sous-sol sur sa batterie neuve. La nouvelle voisine d’en haut fait claquer ses talons hauts avant de partir pour le boulot à 6 h du matin. Deux cas de figure qui illustrent à quel point les sources d’irritation sonores peuvent représenter un problème quand l’isolation acoustique n’est pas au point.
Le Code du bâtiment exige une isolation minimale pour les bruits d’impact dans les nouvelles habitations. Mais ce n’est évidemment pas le cas pour les anciennes constructions et rien n’est prévu quant aux sources sonores aériennes comme la musique, par exemple. Pour corriger un problème de pollution sonore, il est donc primordial de prendre les mesures appropriées à la situation. Mais dans tous les cas, il faut commencer par déterminer le maillon le plus faible.
Étanchéité
Dans une résidence unifamiliale, l’ennemi vient souvent des airs. «Colmater les fuites est primordial, explique Michel Pearson, directeur de la division des services de consultation, acoustique et vibrations, chez Soft dB. On cherche l’étanchéité; s’il y a 10 mm d’espace autour d’un tuyau, on va s’acharner sur ce trou. On peut aussi calfeutrer les portes qui posent problème avec un seuil tombant et des coupe-froid en néoprène.»
L’intervention peut être problématique dans une construction existante, mais l’espace se trouvant entre les poutrelles des plafonds et des murs ne doit pas être vide. Ces cavités pouvant agir comme des caisses de résonance, il est recommandé d’y installer de la laine insonorisante en quantité suffisante. Si le mur est en place et qu’on ne peut pas intervenir près des poutrelles, les solutions sont moins efficaces, mais elles existent: «Des produits comme la Green Glue – une espèce de gel visqueux appliqué entre deux couches de gypse – va permettre de dissiper un peu mieux l’énergie, affirme M. Pearson. Mais l’efficacité va néanmoins être tributaire de ce qu’il y a déjà en place.»
Masse
L’ajout d’une couche de gypse contribue toutefois à ajouter de la masse à la structure, ce qui influence la manière dont le bruit est absorbé. Bref, plus les matériaux sont denses et épais, plus les bruits aériens sont bloqués et moins les vibrations se font sentir dans la structure. Dans les bâtiments à ossature de bois, il faut toutefois faire attention à la portée des poutres. «De longues portées vont ramollir la structure, elle va moins bien se comporter par rapport à la transmission du son, explique Michel Pearson. Si l’ensemble n’est pas assez rigide, on perd en efficacité.» Les craquements peuvent ainsi se transmettre d’une pièce à l’autre; même chose évidemment pour les bruits d’impact.
Désolidarisation
La solution la plus facile est d’installer un tapis avec une membrane avec une couche de feutre en dessous, pour plus d’amortissement. Mais on ne peut pas obliger quelqu’un à installer un tapis sur son plancher de bois franc fraîchement verni. De là l’importance de désolidariser les matériaux. «L’utilisation de barres résilientes directement sur les poutrelles peut réduire le bruit de quelques décibels et améliorer la résistance de la cloison, surtout dans les fréquences moyennes et hautes, explique Michel Leduc, propriétaire de l’entreprise Sonar. Il y a aussi moyen de désolidariser davantage à l’aide d’isolateurs de vibration équipés de ressorts, mais ces matériaux sont généralement disponibles auprès d’entreprises spécialisées.»
Pour encore plus d’efficacité, on s’assure que les motifs en accolade en haut des murs ne touchent pas au plafond, même chose pour les quarts-de-rond et les moulures, qui ne doivent pas être en contact avec le plancher. «On veut créer une bulle dans une bulle avec des matériaux antivibrations, soutient de son côté Michel Gaudette, d’Insonorisation MG. On peut ainsi couper le haut des murs qui ne sont pas porteurs pour y insérer des membranes en continu de façon à éliminer les bruits de flanc.»
Absorption
Enfin, il s’agit aussi de trouver le moyen de limiter la propagation du son dans la pièce. Un tapis, un rideau ou même un gros divan de tissu vont contribuer à absorber le son, à limiter l’écho. Pour des salles de cinéma maison ou des locaux de répétitions musicales, on peut aussi installer aux murs et au plafond des structures absorbantes comme des carreaux d’insonorisation ou des panneaux de mousse de polyuréthane. Pour des résultats optimaux, il est toutefois recommandé de faire appel à des spécialistes qui vont procéder à une analyse spectrale acoustique de l’environnement.
«On nous consulte aussi pour des problèmes de réverbération, souvent dans de grandes pièces peu meublées avec des plafonds très hauts, ajoute Michel Leduc. Les bruits y sont amplifiés et quand il y a des invités, ça peut être le chaos total. Ça nécessite l’installation de panneaux acoustiques; on calcule la quantité et l’épaisseur des panneaux nécessaires en fonction de nos analyses.»
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