Faut-il s’inquiéter de l’augmentation des taux?
Article par Jeiel Onel Mézil @ La Presse
La Banque du Canada a procédé à une troisième hausse de son taux directeur récemment. Cette hausse de 0,25 % a entraîné une majoration des taux hypothécaires variables. Et d’autres hausses du taux directeur ne sont pas exclues. Les propriétaires qui ont une hypothèque variable doivent-ils s’inquiéter si les taux continuent à augmenter?
«On a eu trois hausses successives du taux directeur qui ont un impact sur les taux variables. Toutefois, il ne faut pas oublier que les taux fixes augmentent ou diminuent environ 15 fois durant l’année avec les changements dans les taux obligataires», affirme Denis Doucet, de la firme de courtage Multi-Prêts. Même si les taux variables font fluctuer les paiements hypothécaires, M. Doucet pense que le type de taux choisi par les emprunteurs doit dépendre plutôt de leur situation personnelle. «Il y a des personnes pour qui une hausse de 15 $ par mois aura un impact sur leur budget. Pour d’autres, ce ne sera pas le cas.»
Le directeur du service Analyse du marché à la Fédération des chambres immobilières du Québec (FCIQ), Paul Cardinal, affirme que le choix entre taux fixe et taux variable dépend de l’aversion au risque de l’emprunteur. «Les deux choix sont acceptables, dit-il. Mais, dans un contexte où les taux d’intérêt augmentent, beaucoup de gens se feront conseiller d’opter pour un taux fixe. On est pas mal sûrs que les taux vont augmenter durant l’année.»
Par ailleurs, Denis Doucet indique que la hausse des taux variables est moins inquiétante pour quelqu’un qui a déjà payé au moins la moitié de son hypothèque que pour quelqu’un qui en est au début du paiement.
«Une hausse de 0,25 % correspond à environ 6 $ d’augmentation par tranche de 50 000 $ pour une hypothèque de 25 ans. Cette même hausse correspond à environ 2,50 $ pour un amortissement de 10 ans.»
Payer plus vite pour éviter de payer trop d’intérêts?
Avec l’incertitude qui plane sur une possible hausse des taux d’intérêt, certains peuvent se demander si ce n’est pas plus avantageux de rembourser son prêt plus vite pour éviter de verser davantage d’intérêts à l’avenir. M. Doucet affirme que la démarche peut être intéressante, mais pas pour tout le monde. «C’est avantageux de payer plus vite, car ça réduit le taux d’intérêt, mais je me demande si ça vaut vraiment la peine», a-t-il affirmé. Chose certaine, il ne faut pas se mettre dans une situation financière intenable pour rembourser plus rapidement son prêt, dit-il.
En revanche, M. Doucet affirme que les acheteurs peuvent souvent réaliser des économies sur les assurances. «L’assurance habitation est obligatoire, mais l’acheteur peut toujours essayer de négocier un peu, dit-il. Les courtiers immobiliers connaissent habituellement des courtiers en assurance qui offrent de très bonnes options et c’est toujours nécessaire d’en parler avec eux.»
Attention au ratio d’endettement
Selon les dernières données de Statistique Canada, les hypothèques résidentielles représentent plus des deux tiers de l’endettement des ménages canadiens. Bien que les dettes hypothécaires soient placées dans un «actif pas très risqué», Denis Doucet pense que «ça peut être important» de tenir compte de son ratio d’endettement. «Il y a des institutions qui vont accepter que les paiements hypothécaires, les taxes et le chauffage représentent 44 % du revenu brut. Si l’acheteur est imposé à 40 %, il lui reste uniquement 16 % pour l’épicerie et tout le reste.»
Une marge étroite que d’éventuelles hausses de taux toucheraient assurément. C’est pourquoi M. Doucet conseille aux gens de faire une analyse de leur situation personnelle avec un professionnel.
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