Le décontamineur, pour un espace de vie sain
Article par JULIE ROY @ La Presse
Une transaction immobilière peut impliquer de nombreux professionnels, dont le rôle n’est pas toujours bien connu. Rencontres.
L’expert
Patrick Ratelle, copropriétaire de l’entreprise Fongix, spécialisée en décontamination résidentielle
Depuis 10 ans
Et si votre maison vous rendait malade? C’est une situation que tout acheteur et même vendeur ne voudrait jamais voir survenir. Pourtant, toutes les semaines, Patrick Ratelle, copropriétaire de l’entreprise Fongix, spécialisée en décontamination résidentielle, reçoit des appels de vendeurs ou d’acheteurs aux prises avec des problèmes de contamination. Un problème à ne pas prendre à la légère… et qui peut même faire dérailler une transaction immobilière.
Pourquoi avoir recours à un décontamineur?
Moisissure, champignons, amiante, vermiculite sont les contaminants les plus courants et quand leur présence est avérée, Patrick Ratelle et son confrère Dany Carle reçoivent le premier appel. «Il peut s’agir autant du vendeur que de l’acheteur qui nous contacte parce que le drapeau rouge a été levé. Les gens veulent connaître le prix, mais aussitôt une contamination mise à jour, elle ne peut plus être mise sous le tapis. L’enjeu est grand et peut mener à des poursuites si elle est cachée, mais pire encore, elle touche la santé des gens et peut mener à l’échec d’une transaction», explique Patrick Ratelle.
Ensuite, le spécialiste fait une estimation des travaux qui seront nécessaires. «Il ne suffit pas d’asperger avec un antifongique pour déclarer que le problème est réglé. Il y a des méthodes et des étapes à suivre, sinon le problème va resurgir.» Les maisons les plus à risque sont celles qui présentent un vide sanitaire, un mode de construction datant d’avant les années 60, ou encore celles où l’humidité a été mal gérée. «Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas eu de dégâts ou que la maison est neuve qu’elle est saine. Au même titre qu’une vieille résidence n’est pas toujours contaminée. C’est l’entretien qui garantit la santé d’un bâtiment.»
Sur le terrain
Une fois le contrat signé, une équipe d’au moins deux décontamineurs se rend sur place. Selon la source de la contamination et son étendue, le travail peut durer deux jours ou des semaines. En arrivant, les experts se dirigent vers les lieux de la contamination. Il arrive que certains endroits soient difficilement accessibles (comme dans un vide sanitaire) et que les travailleurs soient contraints de procéder à de petits travaux de démolition. «Quand le vide sanitaire a un pied de haut, il faut carrément enlever la cuisine. Ce sont des cas extrêmes, mais ça arrive», raconte Patrick Ratelle.
Habillés d’une combinaison qui peut s’apparenter à celle d’un astronaute, les spécialistes protègent d’abord la résidence pour éviter que les contaminants se répandent partout dans la demeure. Vient ensuite l’étape de la démolition. Tout ce qui est pourri est enlevé. Le béton est quant à lui meulé et le bois, sablé. Dans le cas des moisissures, «ce sont des spores vivantes. Il suffit d’une seule présente encore dans l’air pour que le problème recommence», explique le spécialiste. Une fois terminé, c’est le moment d’asperger le fameux produit antifongique et d’aspirer chaque centimètre cube de l’air ambiant avec une balayeuse munie d’un filtre. «De prime abord, les gens sont surpris. Ils ne nous croient pas quand on leur dit que ça prend tout ça pour enrayer le problème, mais c’est effectivement le cas. On garantit nos travaux, alors le moindre oubli et tout est à recommencer», affirme le décontamineur. Les contaminations à l’amiante ou à la vermiculite sont traitées différemment puisque ce sont des matières inertes. Pas besoin de sabler, mais une bruine collante est répandue dans l’air pour capter toutes les particules que le filtre n’a pas réussi à enlever.
Conseils de pro
Patrick Ratelle recommande d’effectuer une analyse d’air au moindre doute. «Une cave n’est jamais censée sentir quelque chose. Si c’est le cas, vous êtes en présence de composés organiques qui se décomposent, ce n’est jamais bon signe.» Que les vendeurs soient prévenus: il faut régler le problème. «Depuis le début de ma carrière, faire baisser le prix d’une maison n’a jamais fonctionné dans le cas d’une contamination. Les acheteurs ne veulent pas s’occuper d’une patate chaude. Faites faire les travaux et n’attendez pas trop longtemps, car plus vous attendez, plus la problématique empire.» Un vide sanitaire équivaut pour Patrick Ratelle à un problème de contamination assuré. Le sol ne doit pas être en contact avec la maison, il faut absolument un pare-vapeur. S’autoproclamer décontamineur ne réglera pas votre problème et risque même de l’empirer. «La pire chose à faire est de nettoyer avec l’eau de Javel. La moisissure se nourrit d’humidité. J’ai eu un cas où, au départ, 10 % de la surface était contaminée. Une semaine après le lavage, c’était 100 %, et il était devenu impossible de respirer.»
Combien ça coûte?
Après avoir reçu les photos du problème et, dans plusieurs cas, avoir été sur place pour constater les travaux à effectuer, Patrick Ratelle ou un autre décontamineur sera en mesure d’envoyer un devis pour les travaux. Généralement, il faut compter au moins 2000 $, et la note peut rapidement monter. «Quand on donne une idée des coûts, on explique les vraies nouvelles. C’est rare que les gens nous aiment. On explique les tâches que nous aurons à accomplir pour que le client comprenne. Il faut quand même être conscient que c’est la santé des gens qui est en jeu», affirme Patrick Ratelle.
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